Le Tour de France 2015

Froome

Christopher Froome peut savourer son deuxième Tour de France acquis avec force et maîtrise.

112 ans après la création du Tour de France par Henri Desgrange, la symbolique de l’évènement est intacte. Les coureurs traversent l’écrin français, dans sa pureté naturelle et son opalescence culturelle. Une France aux yeux brillants devant ces héros bravant les éléments et la souffrance. Le Tour de France 2015 fut comme tous les ans vecteur d’émotions et de passion, avec fureur. L’engouement populaire semble ne pas souffrir de l’érosion du temps. Magie du Tour.

Dennis roi d’Utrecht et du temps
Un contre-la-montre de 13,8 km dans les rues d’Utrecht ouvrait officiellement la 102ème édition du Tour de France qui s’élançait des Pays-Bas cette année. La ville connue pour compter plus de vélos que d’habitants constituait le terrain parfait pour les rouleurs, spécialistes de la discipline. L’occasion de décrocher le maillot jaune était belle pour Tom Dumoulin, adulé par la foule orange venue acclamer les coureurs, et l’un des maîtres en la matière. L’occasion était belle pour Fabian Cancellara, quadruple champion du monde de l’exercice, et Tony Martin, maestro de la discipline. Que nenni, c’est l’australien Rohan Dennis qui emporte la mise. L’excellent rouleur de la BMC avait déjà fait étalage de son talent dans les exercices de vitesse. C’est une performance édifiante pour Dennis qui décroche le record de vitesse d’un contre-la-montre sur le Tour de France (55,446 km/h). L’australien revêt le maillot jaune. Thibaut Pinot réalise la meilleure performance parmi les favoris. Van Garderen, Nibali, Froome et Contador se tiennent en 17 secondes, Quintana a plus d’une minute de rebours sur le vainqueur du  jour alors que Romain Bardet compte 1’34 de retard sur l’australien. Le Tour est lancé.

BMC Racing rider Rohan Dennis of Australia wears the race leader's yellow jersey on the podium after the 13.8 km (8.57 miles) individual time-trial first stage of the 102nd Tour de France cycling race in Utrecht, Netherlands, July 4, 2015. REUTERS/Eric Gaillard

Rohan Dennis arbore la tunique jaune, après avoir remporté avec maestria la première étape du Tour du France 2015.

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La meute lancée à sa poursuite jouera les places d’honneur. Tony Martin triomphe et décroche le maillot jaune après avoir bravé les terribles pavés du Nord.

Coups de vent et coups de bordures
Christian Prudhomme avait taillé une première semaine explosive. A défaut d’explosion, le vent a dynamité la course, et soufflé déjà les premiers espoirs des prétendants au titre. Entre Utrecht et Zélande, les bourrasques ont profité aux tacticiens et condamné les mal placés. Les formations Etixx et Sky ont orchestré les opérations, roulant avec harmonie avec le vent, pour casser le peloton et pousser les adversaires à la fausse note. Jean-Christophe Péraud, Nairo Quintana et Vincenzo Nibali notamment, furent piégés. A l’avant, Alberto Contador et Chris Froome savourent en fins tacticiens la réussite de la manœuvre. La pluie se joignant aux hostilités, les piégés ne pourront jamais revenir sur la tête de course. Au sprint, André Greipel s’impose avec autorité. Quintana et Nibali perdent 1’28 sur leurs adversaires. Sur les digues de Zélande, ciel gris pour le requin de Messine, c’est un temps à sortir un Gorille de Rostock ! Plein de malice, Fabian Cancellara arrache la 3ème place du sprint. Le suisse se pare de jaune.

Rodriguez dompte le Mur
Le kilomètre 107 de cette étape reliant Anvers à Huy restera le cauchemar du Tour pour certains coureurs qui ne verront pas Paris. Lancé à pleine vitesse sur l’asphalte, le peloton se déchire violemment. William Bonnet chute lourdement, et le chaos s’empare de la course. Les images font état d’une chute d’une ampleur toujours terrifiante. Le coureur de la FDJ abandonne, tout comme Tom Dumonlin et Fabian Cancellara, le maillot jaune. Face à la gravité de l’incident, Christian Prudhomme neutralise la course, puis l’arrête. Rare. Le Mur de Huy sera le juge de paix de cette étape. Froome accélère, mais c’est bien Joaquim Rodriguez qui gravit le mur le premier, non loin de Tony Gallopin. Christopher Froome est maillot jaune.

Tony Martin vole sur les pavés
Des pavés en guise de 4ème étape du Tour de France 2015 entre Seraing et Cambrai. Une étape que Vincenzo Nibali avait sûrement coché sur son carnet de bord. En effet, l’Italien avait édifié son triomphe de l’an passé sur les pavés. D’abord contrôlée d’une main de maître par la Sky, soucieuse de protéger son maillot jaune, Astana va déchainer la course par la suite, sous l’impulsion d’un Vincenzo Nibali admirable encore une fois. Mais le Requin de Messine n’a pas les dents aussi acérées que l’an dernier. A défaut de creuser l’écart, il remue un immense nuage de poussière. Pas de quoi étourdir Tony Martin, qui revient dans le peloton au forceps après une crevaison. A 3 kilomètres de l’arrivée, l’allemand lance une offensive. Faisant parler ses talents de rouleur, ce dernier s’impose à Cambrai et endosse le maillot jaune qu’il avait manqué pour une seconde la veille. Thibaut Pinot, trahi par des problèmes mécaniques, perd 3’23 sur le vainqueur. Les rêves de podium s’envolent en fumée…

Greipel double la mise
D’Arras à Amiens, le Tour de France trace sa route. Promise aux sprinters, l’étape sonnera le glas de fin pour Nacer Bouhanni. Le talentueux sprinter de Cofidis tombera après 11 kilomètres de course. Les conditions météorologiques mettent à terre de nombreux coureurs, comme André Greipel ou Thibaut Pinot. L’allemand est cependant le plus fort, et relègue encore une fois les Cavendish et Sagan au rang des places d’honneur…

Etixx entre larmes et sourire
La formation Etixx Quick-Step a vécu une étape bien singulière entre Abbeville et Le Havre. L’étape offrait encore aux as du sprint la chance de rafler la mise. Une échappée composée de Périg Quemeneur (Europcar), Kenneth Van Bielsen (Cofidis) et Daniel Teklehaimanot (MTN-Qhubeka) peinait à creuser l’écart et perdait au jeu du chat et de la souris. L’érythréen Teklehaimanot avalait quant à lui les pois, et s’offrait la parure blanche à pois. Historique. Dans le dernier kilomètre, la frénésie du peloton se préparant au sprint entraîne une chute dans laquelle tombent Vincenzo Nibali et Tony Martin. Si l’Italien ressort indemne, le maillot jaune souffre et finira l’étape le bras gauche plié et accompagné de ses coéquipiers dans une ambiance délétère, malgré les applaudissements du public. Clavicule cassée et rêve fracturé pour Tony Martin qui abandonne. Son coéquipier Zdenek Stybar peut exulter au Havre. Le tchèque joue les troubles-fête et se joue du désordre pour régler la mire…

Le Havre - France - wielrennen - cycling - radsport - cyclisme - Teklehaimanot Daniel (Team Mtn Qhubeka) pictured during le Tour de France 2015 - stage 6 - from Abbeville to Le Havre on thursday 09-07-2015 - 191.5 KM - photo Dion Kerckhoffs//Davy Rietbergen/Cor Vos © 2015

Daniel Teklehaimanot, premier coureur noir africain à s’élancer sur le Tour de France, revêt le maillot blanc à pois rouge, et un sourire d’éclaircie pour le ciel d’Erythrée.

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Alexis Vuillermoz peut laisser éclater sa joie. Brillant dans le final de Mûr-de-Bretagne, il décroche une première victoire française sur le Tour de France 2015.

Cavendish de retour
Le natif de l’île de Man aura vécu une longue traversée du désert avant de pouvoir lever de nouveau les bras sur le Tour de France. L’étape partant de Livarot pour Fougères offrait une nouvelle chance aux sprinters de s’expliquer. Scénario classique pour cette étape de plat, l’échappée du jour devra rendre les armes au peloton à 11km de l’arrivée (Teklehaimanot, Feillu, Angel Mate, Delaplace et Durasek). Au sprint, l’on attendait André Greipel, mais ce dernier devra s’incliner face à Mark Cavendish, qui renoue avec la victoire sur le Tour 2 ans après sa dernière victoire. Le « Cav » décroche une 26ème victoire d’étape sur le Tour, à 8 longueurs du recordman en la matière, Eddy Merckx (34).

Vuillermoz ouvre le compteur français
Les coureurs quittent Rennes pour Mûr-de-Bretagne. Une arrivée que les punchers-grimpeurs n’auront pas manqué de repérer sur le carnet de bord. L’échapée, notamment animée par Pierre-Luc Périchon (Bretagne Séché), puis au final par le trio Lars Bak-Michal Golas-Bartosz Huzarski, ne prendra jamais le large. Dans l’emballage final, au Mûr-de-Bretagne, Chris Froome décide de secouer la fourmilière en accélérant fortement dans le final. Fatal pour Nibali, incapable de suivre les cadors. En seconde lame, Alexis Vuillermoz prend tout le monde à défaut. Survolté, le « Pikachu » d’AG2R place une accélération éclair. Il s’impose avec panache devant Dan Martin. Chris Froome récupère le maillot jaune laissé par Tony Martin. Sagan est en vert.

Les BMC gagnent d’un souffle
Un chrono par équipe de 28Km entre Vannes et Plumelec constituait la 9ème étape du Tour de France 2015. Dans cet exercice où tout détail laissé au hasard égraine les secondes, les équipes spécialistes étaient attendues. Orpheline d’Albasini, Gerrans et Daryl Impey, Orica s’engage avec désintérêt dans l’exercice qu’elle maitrise pourtant avec excellence. Astana réalise une bonne performance, bien qu’insuffisante pour lutter avec les meilleures équipes. Nibali comptera ainsi au soir de l’étape un retard de 2’22…La Movistar de Quintana et Valverde établit un excellent chrono. Quintana est à 1’59 du leader au classement général. La Sky de Froome fera mieux de 3′. Réglée comme du papier à musique, la BMC, en ordre de bataille autour du leader Tejay Van Garderen, remporte la victoire d’étape d’une seconde. Mis sous pression par Van Garderen, Froome reste en jaune.

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Christopher Froome arbore un sourire juvénile à sa victoire à la Pierre-Saint-Martin, lors de 10ème étape du Tour de France 2015. Mais c’est une démonstration de puissance et de supériorité que le « Kényan Blanc » a livré sur les premiers pourcentages des Pyrénées.

Froome atterre le Tour
La route s’élève et les masques tombent. Les plus forts doivent s’expliquer sur les pentes du relief montagneux, les plus faibles ne peuvent plus faire semblant. La première étape pyrénéenne reliait Tarbes à La Pierre-Saint-Martin. L’échappée, constituée de Pierrick Fédrigo et Kenneth Van Bielsen, prendra jusqu’à 15 minutes d’avance sur le peloton, avant que celui-ci ne sorte de sa torpeur et avale les fuyards du jour. Dans l’ascension finale sur La Pierre-Saint-Martin, la tension monte au sein du peloton dont le rythme est dicté par la Movistar. La transition entre la journée de repos et les altitudes pyrénéennes sera fatale à Vincenzo Nibali, recalé à 7 minutes du leader au classement général. Le champion d’Italie croule sous le rythme asphyxiant du peloton de tête. L’écrémage est violent, à voir Rui Costa, Thibaut Pinot ou Romain Bardet lâchés sur un terrain qu’ils affectionnent. Puis Alberto Contador craque, et Valverde plie. Seul Quintana peut suivre Chris Froome. A 6 km du sommet, le « Scarabé » colombien décroche et laisse Froome s’envoler vers la victoire d’étape. Quintana perd 1’04 sur son adversaire. Surtout, le leader de la Sky a frappé un grand coup au moral. Sa fréquence frénétique et sa puissance déployée ont attisé la suspicion et déboussolé l’adversité. Van Garderen, 2ème au général, est relégué à presque 3 minutes. Warren Barguil a lourdement chuté au ravitaillement, ce qui ne l’empêchera pas de signer une épatante 15ème place ! Au soir, les Quintana, Van Garderen, Valverde, Contador sont impuissants. Nibali n’est que l’ombre de lui-même…

Majka, clin d’œil à Ivan Basso
La deuxième étape pyrénéenne entre Pau et la vallée de Saint-Savin donnait des idées aux baroudeurs du peloton. Après un premier pétard mouillé initié par Bob Jungels, Kwiatkowski, Westra et Boasson Hagen, l’échappée prendra forme où l’on retrouvera notamment Thomas Voeckler, Rafal Majka et Serge Pauwels. Ils seront rejoins par Dan Martin (Cannondale) dans le Col d’Aspin. Le Tourmalet, en juge de paix, verra le polonais Majka s’envoler vers la victoire d’étape, devant Martin et l’épatant Serge Pauwels (MTN-Qhubeka). Le grimpeur de la Saxo-Tinkoff confirme son amour pour la montagne. Joli hommage à Ivan Basso, à qui l’on a détecté un cancer des testicules. Nibali lâche encore des secondes au groupe maillot jaune…

Rafal Majka l’emporte à Saint-Savin lors de la 11ème étape du Tour de France 2015. Un beau clin d’œil à Ivan Basso. Il avait déjà l’an dernier remporté 2 étapes prestigieuses de montagne après l’abandon de Contador, son leader.

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Bouffée de joie au sommet du Plateau de Beille pour « Purito » Joaquim Rodriguez, l’amateur de cigares. Deuxième victoire d’étape sur ce Tour de France 2015 pour le leader de la Katusha.

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Stephen Cummings a joué de malice pour se défaire de Thibaut Pinot et Romain Bardet dans le final à Mende. Les français voient s’envoler les lauriers de la victoire qu’ils pensaient acquis…

Un terrain à sortir un Purito
Les Pyrénnées n’ont pas fini de juger les coureurs, qui partent de Lannemezan pour le redouté Plateau de Beille. Mais pas question de butiner pour les grimpeurs qui ont là l’occasion de décrocher une belle victoire d’étape. La victoire étant promise à une échappée, nombreux sont les candidats. Ils seront 22 dans un groupe comptant Bardet, Fuglsang, Kwiatkowski et Joaquim Rodriguez. Au menu, le col de Portet-d’Aspet, le col de la Core, le col de Lers et la montée finale au Plateau de Beille. Nombreux sont les ambitieux, un seul sera vainqueur. La succession des difficultés amaigrit le groupe de tête. Dans le final, Bardet, Fuglsang et Rodriguez chassent Kwiatkowski seul devant, mais l’accélération de Joaquim Rodriguez annihile les espoirs de ses compagnons. Kwiatkowski explose et Purito s’en va décrocher une deuxième victoire étape, sous la pluie. L’abonné aux pois confirme ses talents lorsque la route s’élève. Froome répond aux harcèlements de Quintana, Valverde, Contador et Nibali, les cadors finissent ensemble cette dernière beille étape pyrénéenne!

Van Avermaet en force
La route magmatique entre Muret et Rodez donnait des allures volcaniques à la 13ème étape du Tour de France. Sous un cagnard d’enfer, les sprinters ambitionnaient un sprint à l’arrivée, malgré une côte favorable aux punchers dans le final. L’échappée, composée de Gautier, Geniez, De Gendt, Kelderman, Haas et Périchon, sera muselée toute la course durant par un peloton mené par la Giant, soucieuse de placer Degenkolb sur orbite à Rodez. Si les glaçons ne suffiront pas aux coureurs pour apaiser la chaleur, Jean-Christophe Péraud va souffrir de l’asphalte ardent sur une lourde chute. Dans l’emballage final, les échappés sont repris, Sagan surgit tout comme van Avermaet, qui résiste au retour du slovaque pour triompher. Sagan poursuit sa série de 2ème places. Van Avermaet goûte enfin aux joies de la victoire.

Cummings sème la désillusion bleue
14 ème étape sur ce Tour de France 2015 entre Rodez et Mende pour les coureurs. le jour de l’anniversaire de Nelson Mandela, l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka arbore des casques oranges. Elle y ajoutera un bouquet de prestige pour fêter cela. Sagan est échappé et en mission pour récolter les points du maillot vert. L’échappée comptera dans ses rangs Romain Bardet, Thibaut Pinot, Gautier, Uran ou…Cummings. Dans l’arrivée sur Mende, l’échappée explose. Bardet lance les hostilités, il sera repris par Pinot à 2km de l’arrivée. Les deux coureurs sont attentistes et temporisent. Une aubaine pour Stephen Cummings, qui fonds sur les deux français sous la flamme rouge. le britannique distance ses adversaires et vient enlever la victoire d’étape à la jeunesse française, écœurée de s’être fait plumer ainsi. Les deux français avouaient à gorge serrée à l’arrivée ne pas comprendre comment la victoire ait pu s’envoler ainsi… Romain Bardet et Thibaut Pinot devront  trouver les ressources pour effacer ce revers.

Greipel, la passe de trois!
De Mende à Valence, l’échappée comptait 27 coureurs qui voulaient contrarier les plans des sprinters. Sagan est encore à l’avant pour empocher les points du maillot vert. Matteo Trentin et Ryder Hesjedal  sont les derniers rescapés de l’échappée. Les tentatives de Jan Barta et Zdenek Stybar dan le final seront des coups d’épée dans l’eau, le sprint a bien lieu. La Katusha, au four et au moulin durant la journée, lance idéalement Alexander Kristoff, mais il doit s’incliner devant André Greipel. L’allemand est bien le plus fort dans l’exercice sur ce Tour.

Ruben Plaza Molina à l’expérience
De Bourg-de-Péage à Gap, Peter Sagan était une fois de plus échappé dans sa conquête des points. Le slovaque a également en point de mire la victoire d’étape qui lui échappe. C’est dans le col de Manse que la victoire se joue. Ruben Plaza Molina (Lampre) attaque dans les derniers kilomètres de l’ascension. Avec une minute d’avance au sommet sur ses poursuivants, l’espagnol a pratiquement course gagnée. Sagan se lance dans une descente à tombeau ouvert pour rattraper Plaza Molina, sur la route qui a vu chuter Beloki en 2003, entrainant Armstrong dans le champ. Le coureur de la Lampre possède 30 secondes à l’orée de Gap. L’esapgnol s’impose devant un Peter Sagan encore deuxième mais admirable de combativité. Vincenzo Nibali attaque dans le final du col de Manse et fait la descente tambour battant. Il grignote 28 secondes sur les leaders, alors que Geraint Thomas fonce dans le décor, involontairement bousculé par Warren Barguil…

Ruben Plaza Molina victorieux à Gap, s'est défait de ses compagnons d'échappée dans le final du Col de Manse

Ruben Plaza Molina victorieux à Gap, s’est défait de ses compagnons d’échappée dans le final du Col de Manse

Geschke surpuissant !
Lors de la 17ème étape du Tour, les coureurs entraient dans les Alpes. 161 km entre Digne-les-Bains et Pra-Loup. Le relief se prêtant aux succès d’une échappée, nombreux furent les attaquants d’un jour, où Peter Sagan, infatigable, faisait encore partie du groupe de tête, comprenant également Pauwels, Talansky, Uran, Pinot, Majka, Kangert, Castroviejo ou encore Simon Geschke (Giant-Alpecin)…28 coureurs au total à l’avant tandis qu’à l’arrière de la course, Tejay Van Garderen, malade, est lâché. Ils obtiendront plus de 4′ d’avance sur un peloton qui temporise. mais dans le Col de La Colle-Saint-Michel, Contador accélère et condamne Van Garderen de nouveau décramponné. Le leader de la BMC, à bout de forces, abandonne… L’écart grimpe entre le peloton maillot jaune et l’échappée. Geschke entame un raid solitaire avant la montée du Col d’Allos. En chasse derrière le barbu allemand, Thibaut Pinot est impressionnant et surclasse ses compagnons d’échappée. Geschke atteint le sommet avec 1′ d’avance sur le français. Dans la descente, Pinot chute et perd ses chances de victoire. Geschke résiste au retour d’Andrew Talansky et d’Uran, pour s’offrir une victoire de prestige sur ce Tour de France 2015. Pinot termine sur une décevante 4ème place. Contador chute dans la descente du Col d’Allos et cède quelques secondes à ses rivaux.

Simon Geschke signe sa plus belle victoire après un numéro en solitaire où il a fait démonstration de sa force.

Simon Geschke signe sa plus belle victoire après un numéro en solitaire où il a fait démonstration de sa force.

La rédemption de Bardet
On reconnaît souvent les champions à leur capacité à se relever d’un échec. Romain Bardet a fait preuve de détermination et de courage pour sauver son Tour de France. De Gap à Saint-Jean-de-Maurienne, le 6ème du Tour de France 2014 avait tout d’un champion. L’échappée s’élevait à 29 coureurs, dont Fuglsang, Bardet, Pinot, Kreuziger, Anacona, Caruso, De Gendt, Roriguez, Gautier, Jungels ou encore Pierre Rolland. Alors que l’écart est contrôlé par le peloton, le Col du Glandon fait exploser le groupe. Au sommet, seuls les meilleurs peuvent encore aspirer à la victoire d’étape, avec Romain Bardet et Winner Anacona, puis Rolland, Jungels, Fuglsang, Pauwels, Caruso, Gautier, Talansky. Aux lacets de Montvernier, Romain Bardet compte moins d’une minute d’avance sur ses poursuivants. Dans les derniers kilomètres, seul Pierre Rolland semble encore en mesure de priver son compatriote de la victoire, mais Bardet ne lâche rien, notamment grâce à ses talents de descendeur. Il ravit la ligne d’arrivée en vainqueur, 33 secondes devant Rolland. Deuxième victoire française sur ce Tour de France 2015, et rachat pour Romain Bardet, après la désillusion de Mende. Les favoris se neutralisent malgré quelques attaques inefficaces. Froome règne toujours au classement général, avec 3’10 d’avance sur Quintana, 4’09 sur Valverde, 6’34 sur Geraint Thomas. Contador est 5ème à 6’40 du leader, Robert Gesink 6ème à 7’39. Enfin, Vincenzo Nibali pointe au 7ème rang, avec 8’04 de rebours sur le maillot jaune.

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Romain Bardet triomphe à Saint-Jean-de-Maurienne. Le coureur d’AG2R apporte une deuxième victoire française sur ce Tour de France 2015.

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Vincenzo Nibali renoue avec la victoire, après une année difficile. Il s’impose à la Toussuire après un numéro de grande classe. Histoire pour le champion d’Italie de botter les mauvais jours.

Le Requin de Messine sort les dents
On pensait Vincenzo Nibali impuissant sur ce Tour de France 2015. Les tifosi du Requin de Messine ont pu apprécier la 19ème étape remportée avec maestria par le champion d’Italie. Quel panache du leader d’Astana ! Vainqueur du Tour de France, du Giro, de la Vuelta, Nibali n’ a été que l’ombre de lui-même durant la première semaine de course et de ce fait relégué loin de ses ambitions au classement. Il n’en faut pas plus pour réveiller l’orgueil et la fierté d’un champion. « Il Squalo » s’est imposé à la Toussuire après un numéro de 60 km. Le début de course est impulsé par la chasse aux pois, Joaquim Rodriguez en chef d’orchestre. Dans la descente du Col de Chaussy, l’échappée prend forme avec Rodriguez, Uran, Rolland, Kruijswijk, Jarlinson Pantano ou Teklehaimanot. Dans le Col de la Croix-de-Fer, Pierre Rolland fait parler ses talents de grimpeur pour prendre la tête. Dans le final de la Croix-de-Fer, Froome doit faire face à un ennui mécanique, et Vincenzo Nibali attaque ! Dans la descente, le français résiste admirablement au retour de l’Italien, orfèvre de la descente. Le Col du Mollard se dresse alors devant les coureurs, Pierre Rolland voit fondre son avance sur l’Italien qui fond l’aileron saillant! Malheureusement pour le leader d’Europcar, Nibali est trop fort, ce dernier s’envole à 16 km de l’arrivée pour gravir seul l’ascension vers la Toussuire. Parallèlement, Quintana dynamite le peloton maillot jaune dans les derniers kilomètres, le colombien avale son retard sur Nibali et creuse l’écart avec Froome. Vincenzo Nibali peut exulter à la Toussuire. Il décroche une victoire pour l’honneur, exhumant ainsi les souvenirs passés où l’Italien attaquait avec fureur à plusieurs dizaines de kilomètres de l’arrivée. Il est 4ème au classement général. Le Requin de Messine surfe encore sur la vague des champions!

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Les bras en « V » comme « victoire », « valeureux ». Thibaut Pinot remporte l’étape la plus prestigieuse du Tour, mythique pour tous les coureurs.

Thibaut Pinot, le triomphe!
Les derniers kilomètres vers Mende faisaient peut-être cauchemarder Thibaut Pinot en cette fin de Tour de France. Le jeune français a tout simplement chassé le fantôme de Stephen Cummings jaillissant sous la flamme rouge, en s’imposant à l’Alpe d’Huez. L’avant-dernière étape du Tour, juge de paix du classement général, et épilogue de la course au maillot jaune, inspirait visiblement le leader de la FDJ qui n’a récolté que les ennuis depuis Utrecht. Alexandre Geniez débride l’étape, en attaquant le premier. Il sera accompagné de Navardauskas, Bak et Edet. La Movistar, en ordre de bataille, décide de mettre la pression sur Froome, Quintana et Valverde faisant imploser le peloton sur des attaques non loin du sommet de la Croix-de-Fer. Dans la descente, la manœuvre est inefficace, les leaders retrouvent leur place. Geniez poursuit son baroud d’honneur en solitaire devant, mais il est poursuivi par un groupe formé de Pinot, Rolland, Serpa, Hesjedal, Anacona et Plaza Molina. Le mythique Alpe d’Huez procède à l’écrémage, seuls Thibaut Pinot et Ryder Hesjedal peuvent continuer de croire à la victoire. Le formidable numéro d’Alexandre Geniez prend fin à 9 km de l’arrivée. Mais son coéquipier Thibaut Pinot fructifie ses efforts, en se débarrassant de son ami canadien pour atteindre l’Alpe d’Huez seul, les bras levés, et le sourire radieux ! Bravo Thibaut! A 5 km de la ligne, la Movistar semble avoir trouvé la faille, Quintana attaque Froome qui ne peut suivre le colombien. Le grimpeur de poche ne parviendra seulement pas à détrôner Froome de son piédestal. Il lui reprend 1’20, insuffisant. Fichu vent de Zélande. Les autres leaders suivent avec un débours de plusieurs minutes, mais le classement général est figé: Froome devrait remporter son deuxième maillot jaune, suivi de Quintana et Alejandro Valverde. Vincenzo Nibali est 4ème, Contador 5ème, Gesink et Mollema sont respectivement 6ème et 7ème, Mattias Frank est 8ème. Romain Bardet, 9ème, et Pierre Rolland, 10ème, complètent le tableau.

Paris en point d’orgue
Finis les pavés, les Pyrénées, la chaleur, les chutes. La vue de la Tour Eiffel viendra surement réconforter les coureurs soulagés d’en terminer avec trois semaines de bonheur pour les uns, et de souffrance pour tout le monde. Entre Sèvres et les Champs-Elysées, le suspense était nul, l’heure était aux traditionnels remerciements et félicitations au vainqueur, dans une ambiance de fin de fête. Les derniers valeureux échappés, Sylvain Chavanel, Vachon, Barta, Van Bielsen, Oliveira et Dennis, furent vite repris par les troupes des sprinters, hypnotisés à l’idée de triompher sur les pavés des Champs-Elysées. Au final, Bryan Coquard échouera d’un rien, et c’est bien André Greipel qui vainc.

On retiendra…
L’engouement autour des routes, un maillot jaune surpuissant bien que contesté, un Peter Sagan en maillot vert, intenable et combatif, un maillot blanc à pois sur les épaules de Froome, et un maillot blanc pour Quintana, encore brillant mais pas vainqueur. La Movistar remporte le classement par équipe, Bardet le prix du super-combatif. On a aimé les abonnés aux échappées, Bardet bien sur, mais aussi Serge Pauwels, Pinot, Sagan, et d’autres encore. On aimé l’originalité florissante sur les bords de route, des vaches aux couleurs du Tour aux déguisements les plus loufoques. On a aimé cette ferveur, cet amour du sport. On n’a pas aimé les critiques acerbes du maillot jaune, en aucun cas accusable à défaut de preuves. On n’a pas aimé le comportement, la bêtise atterrante de certains spectateurs ignares. On a adoré les images vues du ciel de l’écrin dans lequel se déroule le Tour, la « métaphore de la vie » selon l’excellent Eric Fottorino. On a aimé regarder ces champions cherchant la victoire, toujours droit devant…

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J.Nedelec

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